Je me suis dit que je ne lirais plus de livre sur la guerre pendant une certaine période (voir plus les raisons ici mais l’article est rédigé en vietnamienne), car c’est trop lourd. Finalement j’ai lu La petite fille de Monsieur Linh, premièrement parce que c’est un petit livre et j’ai été persuadée que je pourrais le finir rapidement. Même sa version audio ne dure que plus de 2 heures.
Un livre vachement court mais m’a faite réfléchir une fois que je l’ai terminé, et hésiter en donnant une note. 3⭐️ou 4⭐️ ? C’est un bon livre, oui, tout à fait. J’aime bien son style et le message livré. Tout est clair, concis, un bouquin pas long mais surtout suffisant. C’est ce que j’apprécie. Juste, personnellement, je ne suis pas habituée à cette sorte de livre assez lourd et poignant. Désolée, c’est simplement le goût. Et finalement j’ai mis 4⭐️. Il le mérite.
La guerre ne représente pas vraiment le sujet principal de l’oeuvre, mais elle est la raison sur laquelle l’histoire est basée et construite. L’auteur - Philippe Claudel - rappelle seulement quelques informations générales et très vagues de la guerre, un pays paisible, un village tranquille attaqué par l’armée étrangère et tout est détruit. Les villageois morts, les animaux morts, les maisons et arbres brulés. Pas plus de rizière, pas plus fleuve serein...
C’est la raison pour laquelle Monsieur Linh perd tout ce qui est crucial pour lui. Il doit quitter la terre à laquelle il s’attache.
« Quitter le bateau, c’est quitter vraiment ce qui le rattache encore à sa terre »
C’est la raison pourquoi il a apporté une poignée de terre dans ses bagages, et la considère comme de l’or. Il pense sans cesse de son pays natal, la tristesse profonde gênent son coeur chaque jour.
« La terre du village, noire et limoneuse, qu’il avait travaillé durant toute sa vie, et avant lui son père, et avant lui son grand-père, une terre qui les avait nourris et accueillis au moment de la mort »
« Il ferme les yeux et s’endort en songeant aux parfums du pays natal »
On sent vraiment la nostalgie sous les plumes de l’auteur tout le long du livre et il les exprime par une variété d’expressions et d’images, belles et douloureuses.
« Il sent vraiment son coeur se pincer, alors il pose fortement sa main libre sur sa poitrine, à la place du coeur, pour faire cesser le pincer »
La nouvelle vie est inconnue, ainsi que les gens.
« La soupe entre dans sa bouche et dans son corps, et c’est soudain tout l’inconnu de sa vie nouvelle qui vient en lui »
« Les hommes et les femmes marchent très vite, comme si leur survie en dépendait »
« S’il avait été seul, il ne serait même pas là, dans ce pays qui n’est pas le sien »
Une nouvelle vie qui est totalement contraire à ce dont il rêve
« Dans l’arrière-pays, dans un village, n’importe lequel, au milieu des champs, près des forêts, d’une rivière, un petit village si ça existe encore, où tout le monde serait connu et dit bonjour. Pas comme ici »
C’est également la raison pour laquelle son ami, Monsieur Bark, même s’ils ne se comprennent pas, ne parlent pas une même langue, dès qu’il reconnait que Monsieur Linh vient du pays où il est arrivé et a déclenché la guerre et a tué les gens, il sanglote pendant long temps. Il regrette tout ce qu’il a fait. C’est au moins un bon signe. Donc dans cet oeuvre, Philippe Claude aborde un différent point de vue sur la guerre, sans bombe directe, pas de sang, sans soldat ou fusil, mais tout ce qu’elle cause, la mélancolie, la perte et le regret.
« Je vous demande pardon, pardon... pour tou ce que j’ai fait à votre pays, à votre peuple. Je n’étais qu’in gamin, un sale con de gamin qui a tiré, qui a détruit, qui a tué sans doute... Je suis un vrai salaud »
On découvre aussi l’amitié entre deux hommes inconnus et perdus, une évolution naturelle et sympa. Pas à pas ils deviennent plus proches, plus sincères même s’ils ne parlent pas la même langue. Ils se racontent leur vies, Ils pleurent et rient ensemble. Leur voix deviennent si familière à l’autre. Ils s’offrent des cadeaux, ils prennent le café ou le repas ensemble. Ils se consolent par mettant la main sur l’épaule ou se serrant la main.
Un joli bouquin.